Ca y est, c'est fait : Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République.
Finalement,
on se rend compte que la France n'avait aucune envie de véritable
changement. Elle retrouvera demain quasiment les mêmes dirigeants que
depuis 5 ans. C'est un peu comme si on s'administrait une nouvelle dose
d'un médicament qu'on sait inefficace : plutôt étonnant.
L'analyse du vote nous renvoie en pleine figure plusieurs évidences :
La
France vieillit, plutôt bien en ce qui concerne sa santé, mais plutôt
mal politiquement. Une énorme majorité des plus de 60 ans a voté N.
Sarkozy, à plus de 60 %. Cet électorat là c'est du pain béni pour la
droite : quelques mesures destinées à les appâter (suppression des
droits de succession par exemple) et matraquage en règle avec des
valeurs telles qu'immigration, ordre, sécurité : le tour est joué.
C'est dans cet électorat que la gauche a perdu cette élection.
Les
campagnes ont massivement voté à droite : les résultats sont éloquents.
Dans nombre de départements, on peut voir S. Royal en tête dans les
chef lieux et N. Sarkozy sur l'ensemble du département. Une grosse
partie de l'électorat rural est souvent âgé et demeure très influencé
par les médias (principalement par la télévision et souvent par TF1) :
j'ai dans mon entourage des exemples frappants de villages votant à
Plus de 65 % pour N. Sarkozy, alors qu'on a jamais vu un acte
d'incivilité, un immigré ailleurs que sur un écran de télévision.
Les
classes populaires et moyennes ont majoritairement perdu la notion, si
importante à mes yeux, de solidarité. Il transparaît de ce vote
l'émergence nette d'une certaine forme d'égoïsme. Nombre d'électeurs,
n'ayant à priori guère de problèmes essentiels sont persuadés du
contraire (sans doute parce qu'ils trouvent qu'ils paient trop
d'impôts, et qu'ils ne peuvent pas se payer tout de suite un écran
plat, une 2ème voiture, ou la dernière PlayStation à leurs enfants).
Les propositions de N. Sarkozy sur les heures supplémentaires leur
semblent une solution miracle : inouï !
On a l'impression qu'on
empêche les français de travailler. Combien seront-ils, qui vont
réellement pouvoir améliorer leur pouvoir d'achat ? Ils n'ont pas
encore compris que leur véritable problème, ce n'est pas leur salaire,
mais leur désir effréné de consommation...
Comment peut-on en
arriver à ce point d'égocentrisme : se replier sur son petit chez soi
et ignorer tout des problèmes de nombres de ses concitoyens ?
Les
médias sont majoritairement de droite. Malgré les propos de la plupart
des journalistes, qui estiment que le rôle qu'ils ont joué a été
impartial, il paraît évident que les deux candidats présents au second
tour n'ont pas bénéficié du même traitement qualitatif. On a beaucoup
parlé d'eux (même si N. Sarkozy bénéficie de ce traitement médiatique
depuis maintenant près de 5 ans, contrairement à son adversaire), mais
la façon dont on a parlé d'eux a été très différente. Le procès en
incompétence instruit à l'encontre de S. Royal (initié malheureusement
dans son propre camp, avant que l'UMP ne termine le travail) a été
relayé plus que de raison par les médias, certains que cet aspect des
choses intéressait plus les français que le fond (programmes,
propositions,...). La violence avec laquelle S. Royal a été attaquée,
sur des points complètements anodins (l'épisode de la "bravitude" en
est un exemple terrible), a été proprement inouïe.
Jamais, ni N.
Sarkozy, ni F. Bayrou n'ont eu à subir la moindre mise en cause sur
leurs compétences (M. Sarkozy a pourtant montré dans plusieurs
entrevues avec la presse qu'il n'était pas bien plus au fait de tous
les dossiers que son adversaire).
Les médias les plus importants
sont, en France, aux mains d'industriels dont le pouvoir est énorme. M.
Sarkozy ne se cache pas d'être le proche, l'ami de beaucoup de ces
chefs d'entreprise. Le pouvoir qu'il exerce , par procuration, sur ces
entreprises, doit se ressentir forcément au niveau des rédactions.
Les
instituts de sondage sont les autres grands vainqueurs, du point de vue
financier bien évidemment, de ce scrutin. Jamais on n'a subi autant de
sondages que lors de cette élection présidentielle. Ces "baromètres"
hebdomadaires, quotidiens (quand mesurera t-on l'opinion des gens heure
par heure ?) feraient bien de mesure la pression que ces même sondages
exercent sur l'opinion. Les médias (qui sont tout de même les
principaux clients des institus de sondage) ont beaucoup débattu, mais
jamais tranché sur le rôle joué par les sondages au cours de cette
élection. A force de diffuser ce que les instituts appelent des
"photographies de l'opinion" (vaste supercherie) et qui ressemblent
trop à des résultats d'élection, il est évident que l'opinion est
fabriquée, modelée par les sondages : on instille dans l'esprit des
gens des hiérarchies, des échelles de valeur, des pourcentages de
confiance, qui pour ceux qui ont le moins d'esprit critique, de
conscience politique, vont jouer un rôle très important dans leur
décision finale.
Alors que faire aujourd'hui ? Le sentiment qui
domine chez beaucoup de gens est la tristesse, l'impuissance face à ces
vérités, l'impression de gâchis, le dégoût aussi parfois de voir des
gens soutenir un candidat pour la seule raison qu'il est donné gagnant
et pour récupérer ensuite un poste, une place près du chef,...
Je
suis d'autant plus déçu que le clivage est important, net entre ceux
qui ont choisi le futur président et les autres, dont je fais partie.
Comme
je pense que le danger de la politique proposée par N. Sarkozy reste
présent, malgré un discours policé et rassembleur, il est nécessaire de
rester vigilant. Les citoyens qui n'ont pas fait confiance au candidat
de l'UMP doivent maintenant être mobilisés. Il nous faut étudier, de la
manière la plus précise possible, ses paroles, ses décisions, ses
actes, même si les informations risquent de ne pas être simples à
obtenir. Pour celà, l'Internet et la communauté des blogueurs doit
permettre de se tenir informé, sans subir l'intoxication de certains
médias.
Il faudra aussi que tout ce qui n'ira pas bien, soit dit,
exposé, présenté à tous, et surtout à ceux qui ne disposent pas
d'outils de communication et d'information autre que la télévision
hertzienne à 5 chaînes (voire un peu plus avec a TNT), qui est à mon
avis une source très pauvre d'information.
Nous devons analyser, comprendre, critiquer tout ce qui sera entrepris par le futur gouvernement.
Restons mobilisés, résistons chacun à notre niveau.